#ITW : La Pietà - l'interview découverte
Le visage masqué, la plume
aiguisée La Pietà entretient le mystère depuis quelques années grâce à un
univers éclectique qui mêle des sonorités hip-hop à du rock, du slam ou encore
du rap. Gagnant en notoriété à mesure qu’elle dévoile ses chapitres musicaux,
elle reste néanmoins une artiste entière qui conserve l’objectif de s’épanouir
sur un projet sincère réalisé en dehors des sentiers communs. La genèse du
projet, son parcours, sa musique, elle se confie aujourd’hui dans un entretien
exclusif sur The Melting POP.
Salut, La Pietà peux-tu faire le
point sur ton parcours ?
Alors moi c’est la Pietà, j’ai
commencé la musique il y a une quinzaine d’années. J’ai travaillé sur plusieurs
projets notamment en indé, en groupe, en solo et puis un jour j’ai décidé de
tout arrêter. Ce milieu m’avait déçu et je voulais uniquement le faire pour
moi, par passion. J’ai commencé à écrire et à composer chez moi, je me suis
enfermée dans une sorte de laboratoire créatif. Ça m’a permis d’essayer et de
tenter plein de choses et c’est de ce processus qu’est née La Pietà.
Comme tu viens de le dire, tu
avais décidé d’arrêter la musique. Qu’est-ce qui ta poussé à revenir avec ce
nouveau projet ?
Au départ, j’écrivais et je
composais sans appréhension. La musique ce n’était plus mon métier, c’était un "à côté", je créais quand j’en ressentais
le besoin. Et puis au fur à mesure, j’ai commencé à accumuler les morceaux et
j’ai décidé de les faire écouter à un ami qui longuement insisté pour que j’en
fasse quelque chose. Il a mis du temps, mais il a fini par me convaincre. À
vrai dire, La Pietà existe depuis 3 ans, tout a commencé quand j’ai décidé
d’arrêter et rien ne me prédestinait à rendre ce projet public, c’est
l’engouement de mon entourage qui a fini de mon convaincre.
Qu’est-ce qui se cache derrière
le projet La Pietà ?
Quand j’ai décidé d’arrêter la
musique, j’ai commencé à écrire un roman inspiré de mes expériences passées.
J’ai toujours aimé les mots, la musique, le dessin et c’est pour cette raison
que j’ai voulu retirer toutes les barrières pour mettre en œuvre un projet
pluridisciplinaire. La Pietà, c’est un seul et unique projet, c’est mon point
de vue d’artiste sur le monde, exprimé sur différents supports. C’est aussi ma
vision du monde de la musique actuelle, ma réponse aux expériences que j’ai
vécues par le passé. C’est la raison pour laquelle je considère ma musique
actuelle comme des chapitres. Ceux-ci font référence à ce roman qui sortira
prochainement.
"J’aime parler des choses qui dérangent, de ces choses que l’on n’ose pas forcément s’avouer"
Quelle est la limite entre le
roman et ton expérience personnelle ?
La Pietà, c’est un personnage. Je
porte un masque sur scène, je joue un rôle. À travers ma musique, à travers ce
roman, je peux faire ce que je veux. La Pietà c’est une part de moi. Il y aura
des éléments de mon passé dans le roman, mais je vais jouer avec les codes,
créer une histoire et la romancer, pour parler au plus de gens possible, de la
même manière que je peux le faire avec ma musique.
La Pietà, c’est une référence à Michel-Ange ?
Effectivement. Durant mes études
d’arts plastiques, je dessinais énormément et j’avais également ce lien avec
l’Italie, avec leurs coutumes, leur culture. Quand j’ai dû choisir un nom pour
ce projet, je me suis souvenue que La Pietà revenait souvent dans mes dessins.
J’ai toujours eu une affection particulière pour cette sculpture. Au départ, je
ne savais pas trop pourquoi. Et puis avec le recul, je me suis rendu compte qu’elle
représentait beaucoup de choses pour moi en tant que femme. La Pietà, c’est le
rapport de la femme à la beauté, à la religion, à l’homme, à la société en
général. La Pietà signifie également la mère douloureuse et ça correspond assez
bien à ce que j’essaie de retranscrire dans ma musique.
Justement, tes textes sont très
sombres, parfois provocants, avec beaucoup de second degré, qu’est-ce qui t’inspire ?
Ce que je vis en général. Ce qui
m’intéresse dans mon travail c’est la traduction des émotions. J’aime parler
des choses qui dérangent, de ces choses que l’on n’ose pas forcément s’avouer
et c’est peut-être ce qui donne ce côté provoc’ à ma musique. Cependant, ce
n’est pas de la provocation, j’ai simplement envie d’aller au bout des choses,
de parler de mes démons, de la colère, de la dépression, de la violence, de la
mienne et de celle des autres, d’exprimer ces sujets qu’on a peur d’aborder.
Comment tu définirais ton univers ?
Comme je disais précédemment,
j’ai voulu retirer les barrières. Quand j’ai commencé ce laboratoire créatif, seule
dans ma chambre, j’ai voulu me défaire des limites qu’on m’avait fixé quand
j’étais en maison de disques. Avec La Pietà, j’ai tenté de trouver ma réelle
identité. Ce qui m’a aidé, c’est qu’à l’époque, je pensais que ce projet ne
sortirait jamais de ma chambre. Aujourd’hui, c’est difficile de définir mon
univers, je viens d’un milieu plutôt rock mais j’ai fini par me laisser de cet
univers pour me diriger vers de la grosse POP américaine, puis vers des
artistes comme Stromae qui ont réussi à jouer avec l’électro, cependant
personnellement j’avais besoin qu’il y ait un côté punk dans un musique quelque
chose d’un peu WTF. Durant mes expérimentations, j’ai essayé de mêler de
l’électro à de la guitare noise, tout en conservant le texte en français. Aujourd’hui, certains y voit du rock, de l’électro, du slam, mais moi je pense
que je ne vais pas essayer de définir. (rires)
C’est quoi la suite pour La Pietà
?
On vient récemment de sortir les
chapitres 3 et 4 sous forme d’un EP de six titres**. Avec mes musiciens, on va
aller le défendre sur scène et en parallèle, je prépare l’album. Pour le
moment, je suis en plein phase de composition et d’écriture, ensuite je
rejoindrai les musiciens et j’espère le sortir en fin d’année 2018 début 2019. Tout
en continuant à parcourir les routes comme je le fais actuellement. (rires)
**EP paru le 24 novembre 2017 et disponibles sur les plateformes de streaming et de téléchargements légales
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